Après Didier, voilà que c'est le Président du Parti Socialiste qui murmure à l'oreille des riches...je lis ce matin dans l'ECHO que le MR et ...le VOKA (patronat flamand) adhère à la note du formateur le socialiste !!! Di Rupo.
 Au  président du Parti socialiste (PS) 
Boulevard  de l’Empereur, 13, 1000 Bruxelles
Cher  Monsieur Di Rupo,
Permettez-moi  de vous écrire cette lettre ouverte suite à la parution de votre note servant de  base aux futures négociations gouvernementales. Vous nous aviez promis une note  qui ne serait « ni de gauche ni de droite ». Je vous rassure tout de suite, nous  sommes d’accord au moins sur un point : votre note n’est « ni de gauche »…
Je  dois vous avouer ma plus grande incompréhension quant à de nombreuses  propositions reprises dans votre note qui, il y a un an encore, auraient été  déclarées inacceptables par votre parti. Mon étonnement est d’autant plus grand  que, depuis 2008, certains de vos ministres avaient martelé que les « citoyens  ne paieraient pas la crise » et que « ce sont les banques, responsables de cette  situation, qui devraient passer à la caisse ». A tort peut-être, mais ces  déclarations avaient nourri, dans une certaine gauche, l’espoir que des mesures  tendant à réaliser cette rhétorique allaient être prises. Un espoir visiblement  déçu à la lecture de votre note.
Tout  d’abord, les pensions et les fins de carrière. Vous savez que beaucoup de  travailleurs âgés ne quittent pas leur boulot de gaieté de cœur. Mais parce  qu’ils sont épuisés, que leur corps est usé par les hausses incessantes de  productivité. 
Et  pourtant, vous reprenez intégralement le dogme du « travailler plus longtemps »  de la Commission européenne : prépension impossible avant 60 ans, fin à terme de  la pension anticipée, modifications des périodes assimilées et diminution des  pensions des fonctionnaires. Sur ce dernier point, notre service d’études a  estimé que cette baisse pouvait aller jusqu’à 9 % (sur base d’une hausse  salariale annuelle de 4 %, index compris). A travers l’ensemble de ces mesures,  c’est le système même d’assurance sociale de nos pensions qui est remis en  cause. Et, cerise sur ce gâteau empoisonné, vous demandez de « généraliser le  deuxième pilier (privé) de pensions », ce qui ne peut que mettre en danger le  premier pilier, garant de la solidarité entre tous les travailleurs.
Abordons  la question des chômeurs. Ici, vous reprenez intégralement des points essentiels  du programme des partis libéraux et de la N-VA.  Dans votre note, c’est le  chômeur qui est désigné comme coupable et non comme victime de la crise. Avec la  diminution des allocations dans le temps et leur « forfaitisation » après un  certain temps, vous reprenez le modèle allemand instauré par le chancelier  Schröder. Avec des allocations fortement réduites, les chômeurs accepteront de  plus en plus des emplois précaires, ce qui aura comme conséquence, et vous le  savez, de diminuer tous les salaires en Belgique. L’application de ces mesures a  mené à une hausse vertigineuse des travailleurs pauvres en Allemagne. Je ne dois  pas vous l’apprendre, chasser les chômeurs ne chassera pas le chômage.
Au  sujet des services publics, vous proposez de geler les enveloppes de dotations  pendant 2 ans. Un gel qui, compte tenu de l’inflation, revient en fait à une  réduction de 4 à 5 % de l’offre de service public. Vous allez donc diminuer  l’emploi dans la fonction publique, et ce, à un moment où vous annoncez vouloir  … en créer 250 000 ! Je dois vous avouer que j’ai du mal à suivre votre  raisonnement. Comment pouvez-vous affirmer, par exemple, combattre la grande  fraude fiscale et en même temps couper dans les moyens du ministère des  Finances ?
Bien  sûr, vous me répondrez que vous avez pris certaines mesures contre le capital.  Je ne peux évidemment que me réjouir de votre proposition visant à instaurer un  impôt sur le patrimoine de plus de 1,25 million d’euros, proposition très proche  de notre proposition de « taxe des millionnaires ». Mais permettez-moi de  m’étonner du côté « temporaire » (deux ans) de cette mesure qui contraste avec  le côté « permanent » des mesures touchant l’ensemble de la population. Sans  même parler de l’absence de mesures techniques visant à rendre ce prélèvement  efficace, comme l’instauration d’un cadastre des fortunes et une véritable levée  du secret bancaire. Vous donnez vous-même le moyen d’échapper à ce nouvel impôt  en permettant de déduire le patrimoine lié à une activité professionnelle, à une  société. Ainsi, Albert Frère, s’il reste actif à la tête de ses holdings, ne  devra pas payer d’impôt...
En  matière institutionnelle, je constate que des réformes essentielles souhaitées  par la N-VA, et soutenues par l’organisation patronale flamande Voka, sont  aujourd’hui reprises dans votre note. La politique de l’emploi est quasiment  régionalisée, ce qui mènera à une scission de la sécurité sociale. La porte de  l’autonomie fiscale est ouverte, y compris celle pour l’impôt des sociétés,  permettant ainsi une concurrence fiscale vers le bas qui asséchera les finances  publiques. La sécurité sociale est ainsi attaquée sur deux fronts, celui de  l’austérité et celui de la scission.
Vous  me répondrez sans doute : « Que pouvais-je faire d’autre, je suis obligé de  négocier avec une majorité de partis de droite et nationalistes ? » Tout  d’abord, je vous répondrai qu’en tout cas, la solution ne consiste pas à reculer  et à céder devant les exigences de cette droite. Ne dit-on pas que l’appétit  vient en mangeant ? Comment ne pas faire un lien entre l’arrogance de la droite  et des forces centrifuges en Belgique, et la tendance que votre formation  politique a eu de reculer de plus en plus devant toutes ces exigences. Au  contraire, Monsieur Di Rupo, il nous faut le retour d’une gauche qui ose, d'une  gauche qui avance. Comme le montrent les exemples en Grèce, au Portugal et en  Espagne, où vos collègues socialistes se font aussi passer pour des personnes  « responsables », appliquer une politique de droite sera sanctionné par  l’électorat de gauche. 
Céder  aux pressions nationalistes ne pourra que nous conduire dans une spirale  infernale qui aboutira à l’éclatement du pays et de son socle le plus solide :  notre sécurité sociale. Céder aux pressions de la droite n’aura comme seule  conséquence que d’appauvrir le monde du travail et, donc, d’aggraver la crise  économique. Ce n’est pas la politique du moindre mal mais celle du pire.
Monsieur  Di Rupo, comme le montre l’histoire sociale de notre pays, la résistance à ces  attaques, venant de l’Union européenne et des forces nationalistes, ne pourra se  faire que dans la rue. Irréaliste ? Lorsque les premiers socialistes ont proposé  la journée des 8 heures, alors que travailler 12 à 14 heures était la règle, on  les a déclaré fous. Pourtant, ce qui était vu comme utopique est devenu réalité.  C’est de ce réalisme que le monde du travail a besoin, pas de celui qui accepte  de plier devant les diktats de la droite.
Nous  tendons la main à toutes les forces de gauche, pour organiser, avec les  organisations syndicales de ce pays, cette résistance. Qu’on laisse la droite  assumer sa politique au gouvernement et qu’on ose dire non aux diktats européens  et patronaux. Qu’on propose une alternative qui s’en prenne réellement aux  responsables de la crise (voir www.ptb.be). Les travailleurs attendent cela de  la gauche en Belgique. Avec vous ou sans vous. 
Raoul  Hedebouw, 
porte-parole du PTB
porte-parole du PTB
 
 



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