Elle est partout. Sur les vêtements et sur quatre roues. Elle touche les enfants ou leurs parents. Elle coûte cher, donc rapporte beaucoup. Elle montre la superficialité de notre société, mais peut s'avérer révolutionnaire. La frime, c'est notre époque. Les frimeurs, c'est nous.Quand elle devient collective, la frime peut constituer un facteur de changement socialQue ce soit en portant les incontournables "lunettes mouches", en arborant un logo D&G sur un tee-shirt, en branchant son i-Pod ou en roulant en Porsche, on frime tous, un peu, beaucoup. On ressent le besoin de gonfler un peu la note, de "faire de son stoef". On ne veut surtout pas se déprécier aux yeux des autres. Il faut exister, mieux, s'afficher, à son avantage bien sûr. On rêve d'être quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus remarquable, de plus enviable. Puisque notre nom n'est pas connu, on se réfugie dans des marques qui sont autant de flatteuses cartes de visite. On se présente "Nike", "Tommy Hilfiger", "Gucci", "Audi". Cela nous rattache à une famille internationale à laquelle on est fiers d'appartenir, aux pages "people" des magazines, au glamour ou à l'aventure qui n'appartiennent pas à notre ordinaire. Le cadre d'entreprise se la joue baroudeur des belles avenues au volant de sa BMW 4X4 dont les pneus ne verront jamais une ornière. L'employé rêve des filles sensuelles qui, sur les affiches, entourent le slip Calvin Klein qu'il vient de s'offrir. Avant même son premier emploi, le jeune diplômé possède le Filofax d'un capitaine d'entreprise. Dans les cours de récré, les enfants ont les mêmes sacs à dos que leurs aînés du secondaire et tripotent leurs GSM sans avoir personne à appeler.Esbroufe ou diesel?Les premiers tout-terrains étaient militaires. Aujourd'hui, ils envahissent la ville. A quoi marchent les 4x4?Le plus souvent, ils ne servent à rien. Ils polluent, consomment davantage d'essence et avalent de l'espace urbain comme aucun autre véhicule personnel. Des études de sécurité routières montrent qu'ils sont dangereux en cas de collision. Surtout pour les autres. Aux abords des écoles, ils réduisent la visibilité des enfants sur les passages cloutés. Mais les people les adorent. Et avec eux, 50.000 automobilistes belges qui ont déjà troqué leurs berlines pour un 4x4. La plupart du temps leurs exploits tout-terrains se bornent à l'escalade d'un trottoir en Brabant wallon. Ne comptez pas sur eux pour traîner leurs 4x4 dans la boue (on vend de la boue en spray pour parfaire l'illusion). Pour d'autres, en revanche, ces véhicules sont un véritable fléau. Aux Etats-Unis, leurs détracteurs, en référence à l'Axe du mal, les appellent Axles of Evil (les "essieux du mal"), un axe qui départage les démocrates des républicains. Adulés ou honnis, les 4x4 revêtent une véritable dimension politique.Tuning: la coûteuse frime du pauvre?Dans leurs engins cracheurs de décibels, les passionnés du tuning font peur. Mais quand on les rencontre, ils révèlent un cour de beurre dans une cage d'acier.Il fait étouffant sur la place Léopold à Arlon. Bruyant aussi, entre le DJ qui drague, les moteurs qui crachent et la techno qui rugit hors des voitures aux portes ouvertes. C'est la première édition de l'Arel Tuning Show, un meeting comme on en trouve presque tous les week-ends d'été en Belgique. Une cinquantaine de voitures jaunes, orange ou vert fluo attendent en ronronnant d'être contemplées par le jury et les curieux. Des jeunes en casquette, t-shirt et pantacourts se rincent l'oil. Ça clinque, ça chauffe et ça palpite grâce à la sono de 2000 Watts RMS bien arrimée dans le coffre.Le podium de la frimeAu sommet de la pyramide, il y a le rêve, la référence absolue: la jet-set. Ceux qui sont pleins aux as et qui ne s'en cachent pas (pas comme ce Bill Gates avec ses pulls d'étudiant, sa coiffure au bol et ses milliards donnés aux Africains). Mais la jet-set est tellement loin de nous qu'il est impossible de l'imiter. Alors, à des années strass et paillettes de Flavio Briatore, patron de l'écurie Renault de Formule 1 et du harem qui va avec, le Belge frime comme il peut, qu'il s'appelle Alexis ou Jérémy, qu'il habite Lasne ou Seraing.
(Extrait d'un article du magazine « Télémoustique »)
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